« Moi, j’aime l’entreprise ! » Le discours de Manuel Valls à l’université d’été du Medef.

« Cessons d’opposer systématiquement État et entreprises, a-t-il ainsi déclaré. D’opposer chefs d’entreprise et salariés, organisations patronales et syndicats. Cherchons plutôt à coopérer, à trouver des chemins dynamiques, positifs, qui servent l’intérêt général. C’est cela prendre ses responsabilités. Notre pays crève de ces postures. » « La France a besoin de vous, de ses entreprises, de toutes ses entreprises (…) L’esprit d’entreprendre est plus que jamais nécessaire pour faire avancer le pays. Le retour à la croissance passera d’abord par le soutien aux entreprises », a-t-il encore clamé.

À ceux critiques envers le CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) et le pacte de responsabilité, qui prévoit des aides aux entreprises afin de créer des emplois, Manuel Valls a ainsi tenu à répondre : « Il n’y a pas d’emplois sans employeurs, C’est pourquoi il est absurde de parler de « cadeau fait aux patrons ». Ce langage n’a pas de sens. »

Le Premier ministre a par ailleurs jugé « légitime » la question des seuils sociaux, qui soumettent les entreprises à des obligations au-delà d’un certain nombre de salariés, ouvrant ainsi la porte à des négociations sur ce dispositif que les patrons voient comme un frein à la croissance. Il a également déclaré vouloir « alléger certaines règles », et notamment celle relative au travail du dimanche. « La filière nucléaire est plus que jamais une grande filière d’avenir », a encore déclaré Manuel Valls, devant un public conquis.

Fin du discours. Les entrepreneurs se lèvent et applaudissent ; accueil inédit pour un chef de gouvernement PS. À la gauche du Premier ministre, les réactions ne se font pas attendre. « C’est un copié-collé du type de discours que tenait Tony Blair dans les années 95-97-99 en Angleterre, c’est-à-dire que c’est une proposition idéologique pour rompre avec tout ce à quoi nous avons cru à gauche depuis des décennies », a ainsi déclaré le député PS Laurent Baumel sur BFM TV. « Manuel Valls est allé cet après-midi aux universités d’été du Medef pour déposer aux pieds de Pierre Gattaz ce qu’il croit être le cadavre de la gauche », commente le PCF dans un communiqué. Sur Twitter, la députée européenne EELV Karima Delli fait également part de son mécontentement :

Devant les grands patrons du #Medef Manuel #Valls défend les cadeaux aux grands patrons & la filière nucléaire. Le cap est assumé. #EELV

— Karima Delli (@KarimaDelli) 27 Août 2014

« Une déclaration de lucidité, pas d’amour », selon le président du Medef, Pierre Gattaz.